L’hebdomadaire Franc tireur manque sa cible
Communiqué du 28/01/25
Dans son édition du 15 janvier l’hebdomadaire « Franc tireur » consacre un article à Jean Baubérot. Son auteur se dissimule sous le pseudonyme de Gaston Crémieux. Un choix curieux quand on sait le courage de Gaston Crémieux, journaliste et écrivain fusillé pour sa participation à la Commune de Marseille. L’article est intitulé « Le portrait qui fâche : Jean Baubérot : laïque défroqué ». L’hebdomadaire a la bonté de l’offrir en accès libre sur son site. Ce qui dispense de l’acheter en kiosque.
L’ampleur et la qualité de l’œuvre de Jean Baubérot justifient pleinement un intérêt soutenu par l’apport sociologique et historique qu’elle donne au débat public. C’est en particulier le cas des trois tomes de son dernier ouvrage « La loi de 1905 n’aura pas lieu. Histoire politique des séparations des Églises et de l’État (1902-1908) » publié par les Éditions de la Maison des sciences de l’homme. Jean Baubérot a soutenu un certain nombre de thèses sur la laïcité et pris des positions personnelles. Ces thèses sur l’hypothèse de trois seuils de la laïcité, les notions de « pacte laïque » et de « laïcité interculturelle » ou l’existence de sept laïcités sont et doivent être discutées avec des arguments rationnels et en respectant leur auteur. L’article de Gaston Crémieux n’est qu’une charge peu héroïque dépourvue d’arguments.
La Ligue de l’enseignement est mentionnée : « L’homme (Jean Baubérot) prend son bâton de pèlerin pour convaincre la Ligue de l’enseignement, défenseuse historique de la Séparation, de mettre de l’eau dans son vin. Elle finira transformée en amicale œcuménique, capable d’accueillir Tariq Ramadan et ses troupes fréristes au sein d’une commission « laïcité » que Baubérot a co-présidée et d’où fuiront les plus laïques ». Nous ignorons si Gaston Crémieux est titulaire d’une carte de presse. Auquel cas, nous sommes dans l’obligation de lui apprendre son métier. La vérification des faits est une première et indispensable étape à toute rédaction d’article. L’actualité internationale nous montre qu’elle ne semble plus être à la mode. La Ligue de l’enseignement est aisément joignable et se serait fait un devoir de répondre à toute question.
Gaston Crémieux aurait ainsi appris que la commission « Laïcité et islam » créée en 1997 et qui perdurera trois ans était composée de militants d’organisations laïques, de protestants, de catholiques, de musulmans et de chercheurs du CNRS, de l’EPHE, l’EHESS et de Sciences Po. Le nombre des participants variera de 20 à plus de 50. Jean Baubérot n’en était pas membre. Tariq Ramadan fut un membre comme les autres. Tariq Ramadan fait son entrée sur la scène médiatique en 1994 dans la très suivie émission de Jean-Marie Cavada « La marche du siècle ». Le document « Vers un nouveau pacte laïque ? », daté de 1990, n’était ni un manifeste ni un rapport mais la simple juxtaposition de deux textes brefs et distincts.
Gaston Crémieux aurait également pu s’intéresser aux engagements et aux réalisations de la Ligue de l’enseignement. Il aurait appris que nous travaillons chaque année avec un million de jeunes, que nous recevons 300.000 personnes dans nos séjours de vacances, 350.000 sportifs amateurs associés dans l’Ufolep, que nous accueillons plus de 800.000 enfants dans le cadre du sport scolaire grâce à l’Usep… Dans cet immense travail quotidien nous transmettons et faisons appliquer les règles laïques, au-delà des difficultés ordinaires et des ragots de peu d’intérêt. Tout cela mériterait bien un article informé et honnête.
article posté le : 29/01/2025