Notre République ne peut pas être en guerre contre ses propres enfants
Communiqué suite aux émeutes
La mort de Nahel, jeune homme de 17 ans tué par un policier à la suite d’un refus d’obtempérer, est scandaleuse et les sanctions judiciaires d’un tel acte doivent être fermement appliquées, ainsi que cela est en train de se dérouler.
La Ligue de l’enseignement tient à dire son émotion et sa compassion envers la situation de la famille de ce jeune homme, qui est la première victime.
Rien ne justifie le recours aux atteintes violentes aux biens et aux personnes et la destruction de bâtiments publics. La Ligue de l’enseignement témoigne sa solidarité envers l’ensemble des habitants des quartiers et des communes concernées, et notamment envers ses fédérations départementales du Finistère, de la Savoie et de la Sarthe dont les sièges ont été vandalisés ou incendiés. C’est une épreuve pour les équipes de la Ligue, de l’Usep et de l’Ufolep engagées dans leurs missions éducatives et émancipatrices.
La Ligue s’engage à leurs côtés pour ne pas laisser s’installer un sentiment d’injustice, d’abattement et de résignation.
Il était urgent de ramener le calme et la sécurité, avec une utilisation proportionnée des moyens nécessaires : notre République laïque, démocratique et sociale ne peut pas être en guerre contre ses propres enfants.
Les racines du mal sont de mieux en mieux identifiées, et l’impuissance publique à mettre en place les remédiations est elle aussi flagrante :
· L’aggravation des inégalités dans certains territoires, avec la ghettoïsation d’établissements scolaires, l’accroissement du nombre de jeunes non diplômés, hors d’une logique d’emploi ;
· L’insuffisante lutte contre la paupérisation des familles ;
· L’affaiblissement voulu et programmé par l’État, des corps intermédiaires et de la vie associative ;
· Les doctrines du maintien de l’ordre en cours depuis de nombreuses années, souvent axées sur la confrontation, ont contribué à dégrader le rapport entre la police et la population, en particulier les jeunes : disparition de la police de proximité, formation des policiers réduite, dispositions de la loi du 17 février 2017 relatives à la sécurité publique, insuffisante lutte contre les représentations racistes…
La notion de police doit retrouver sa légitimité dans un cadre républicain et démocratique.
La lutte contre les inégalités doit être une priorité gouvernementale réelle.
Nous devons donner réellement corps aux principes laïques d’éducation à la responsabilité et à la citoyenneté. C’est l’engagement de la Ligue de l’enseignement que nous continuerons à porter ensemble.
article posté le : 07/07/2023