Projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration : une énième loi véhiculant une vision utilitariste et sécuritaire de l’immigration
Entre amalgames et approche sécuritaire, le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, marque une nouvelle étape dans la mise en œuvre de politiques répressives à l’égard des personnes exilées. Présenté au Conseil des ministres le 1er février dernier par le ministre de l’intérieur et des Outre-mer, le ministre de la justice et le ministre du travail, du plein-emploi et de l’insertion, ce dernier comporte plusieurs volets : intégration, éloignement, asile et contentieux des étrangers.
Le projet de loi s’inscrit dans la lignée de politiques visant à stigmatiser l’immigré, perçu comme un danger potentiel. Il s’inscrit également en contradiction avec la vision d’un accueil inconditionnel portée par la Ligue de l’enseignement. En effet, le texte comprend des mesures visant à favoriser l’obtention de titres de séjour pour des métiers dits « en tension », conditionnant ainsi la régularisation à l’emploi occupé par l’individu. Si cette mesure peut paraître à première vue comme étant positive, elle véhicule en réalité une vision utilitariste et donc réductrice de l’apport des migrations. Est-il nécessaire de rappeler que l’histoire de l’humanité et du peuplement de notre planète s’est construite au fil des migrations ? Est-il également nécessaire de rappeler que les migrations sont une composante de la richesse culturelle de notre pays et qu’elles sont facteurs d’échanges et de progrès ? L’accueil de personnes exilées devrait être inconditionnel et non pas être effectué sur la base d’une immigration choisie, à partir d’un critère d’utilité économique.
Le droit d’asile constitue également un droit, érigé dans le cadre de la Convention de Genève de 1951. Ce droit doit être appliqué de manière uniforme et inconditionnelle en Europe. Le projet de loi, tel que présenté, comprend de nombreuses mesures qui vont réduire l’accès à ce droit. Au programme : réduction des délais pour l’entretien avec l’OFPRA, réduction du nombre de recours possibles, réduction des délais de recours…
Ce projet de loi s’inscrit dans la lignée de politiques de plus en plus dures, qui visent, dans un contexte de peur et surtout de méconnaissance, à donner de complaisants signaux à une partie de l’opinion qui se positionne dans une posture de rejet.
La Ligue de l’enseignement dénonce ce projet de loi et appelle au respect des personnes exilées et à la mise en œuvre d’une solidarité à toutes les échelles, au nom de l’universalité des droits humains. Face à la diffusion de stéréotypes et d’idées fausses, la Ligue de l’enseignement continuera à déconstruire les préjugés sur l’immigration à travers ses actions d’éducation et de sensibilisation. Elle continuera d’accueillir et d’accompagner les exilé.es en matière de formation, d’accès à l’emploi, aux loisirs et aux droits, notamment culturels. La solidarité n’est pas un choix, elle constitue une exigence pour la construction d’un monde plus juste et plus démocratique.
article posté le : 22/02/2023